Démonstration du Coradia iLint d’Alstom : premier train de passagers à hydrogène en Amérique

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Réseau Charlevoix a opéré le premier train de passagers au monde à hydrogène, Coradia iLint d’Alstom, dans le territoire de Charlevoix, géré par le Chemin de Fer de Charlevoix. Ce projet de démonstration constitue une vitrine pour le Québec, première juridiction en Amérique du Nord à faire circuler un train de passagers à hydrogène.

C’est le fruit d’un partenariat entre Alstom, initiateur du projet et fabricant du train, Harnois Énergies, fournisseur de l’hydrogène vert produit sur son site de la Ville de Québec, Réseau Charlevoix, opérateur du Train de Charlevoix, Chemin de Fer de Charlevoix, propriétaire du réseau et Accelera by Cummins, fournisseur de la pile à combustible, ainsi que le Gouvernement du Québec, partenaire financier.

Alimenté par une pile à hydrogène, qui produit de l’énergie électrique pour tous les équipements dont la traction, ce train à zéro émission directe de carbone émet uniquement de l’eau. Conçu spécialement pour les lignes non ou partiellement électrifiées jusqu’à 1 000 km, il est entré en service commercial pour la première fois en Allemagne en 2018, et a parcouru à ce jour, plus de 220 000 kilomètres dans huit pays européens. De juin à octobre 2023, le Coradia iLint a assuré la liaison entre Québec et Baie-St-Paul sur le réseau privé du Chemin de fer Charlevoix.

Cette expérimentation conjugue développement économique et innovation technologique tout en positionnant le leadership de la province et de la région de Charlevoix en matière de décarbonation des transports. En effet, les partenaires industriels ont pu établir et tester les étapes de développements nécessaires à la mise en place d’un écosystème de transport ferroviaire axé sur l’hydrogène vert, tout en permettant à Réseau Charlevoix et Chemin de fer Charlevoix, (appartenant au Groupe Le Massif), de renforcer l’attractivité de cette région à vocation touristique, en offrant une solution de transport durable et silencieuse à ses voyageurs.

Technologiques :

Économiques et environnementaux :

* L’entrevue dans le cadre de cette fiche a été mené avec Réseau Charlevoix, Chemin de fer Charlevoix, Alstom et Harnois Énergies

Alstom devait trouver un cadre d’expérimentation et les parties prenantes nécessaires afin de mener ce projet.

Suite aux discussions avec Réseau Charlevoix et Harnois Énergies, plusieurs scénarii ont été étudiés, nécessitant des approches et essais, pour la sélection finale du lieu de démonstration et du fournisseur et distributeur d’hydrogène vert.

Un prototype du train a été importé d’Allemagne par Alstom afin de réaliser le projet d’expérimentation au Québec. Étant donné qu’il s’agissait d’un projet de démonstration, l’objectif était de tester la mise en opération du train tout en apportant le moins de modifications possibles. Les principaux éléments configurés, tel que l’ajout d’un deuxième siège de conducteur, ont été effectués afin de répondre aux réglementations provinciales en matière de transport ferroviaire.

Le coût du projet s’élève à 8M$ dont 3M$ financé par le Gouvernement du Québec.

*Les données et résultats quantitatifs ont été estimés, fournis et validés par les différents partenaires du projet.

Les défis rencontrés lors d’un projet pilote, et les solutions élaborées à la suite des phases de tests et la collaboration entre les parties prenantes.

Les technologies de propulsion à l’hydrogène, n’ayant pas encore atteint le niveau de maturité de celles fonctionnant à batterie, nécessitent un entretien plus important. A cela se sont ajoutées deux contraintes, à savoir la disponibilité limitée de certaines pièces et l’infrastructure émergente (un seul électrolyseur était à Québec). Des plans de contingences ont dû être déployés pour ne pas perturber les activités opérationnelles du train.

Alstom s’est basé sur la règlementation existantes et a déterminé quelle nouvelle action serait nécessaire dans le cadre d’une implémentation d’une nouvelle technologie. Subséquemment Alstom en concertation avec Harnois Énergies a ajouté une clôture autour de la station de recharge, bien que non mandatée.

Pour Réseau Charlevoix, il fallait également travailler avec deux instances gouvernementales pour le cadre réglementaire du projet : au niveau du fédéral, avec Transport Canada, et au niveau provincial, avec le Ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD, précédemment MTQ).

Le train à hydrogène Coradia iLint a été homologué selon les plus haut standards européen et Alstom a travaillé conjointement avec le MTMD afin de s’assurer de rencontrer tous les requis de sécurité et réglementaires pour permettre l’opération d’un train à hydrogène avec passagers.

Deux fonctionnaires du MTMD se sont d’ailleurs déplacés en Allemagne dans les locaux d’Alstom afin de mieux comprendre la technologie, et un grand travail au niveau du cadre réglementaire a été fait avec Réseau Charlevoix, afin d’assurer la mise à l’essai du train au Québec. Une liste de vingt-un requis émis par L’Association of American Railroads (AAR), le chef de file mondial en matière de réglementation de l’industrie ferroviaire, de recherches et de technologies ont dû être adressés.

Cela a inclus l’adaptation d’un système de klaxon et de la lumière à l’avant du train pour rencontrer les requis de la réglementation.

Un défi d’envergure dans des projets multipartenaires impliquant des entreprises à taille distincte, est l’arrimage entre les différents processus de prises de décisions. Une plus grande équipe à plus d’échelons, et la communication entre les parties prenantes doit être adaptée.

Poussés par un objectif commun et passionnés par l’innovation, les partenaires de ce projet pilote ont pu relever ce défi grâce à leurs efforts de communication, la collaboration, la flexibilité et la bonne ambiance générale de travail au sein de l’équipe.

La mobilité ferroviaire alimentée par hydrogène nécessite de mettre en place un système de production, de stockage et de distribution rapide et agile. L’Amérique du Nord en est à ses balbutiements vers l’établissement de ce type d’écosystème. Des investissements accrus, ainsi qu’une adaptation des normes réglementaires sont indispensables afin d’aller de l’avant.

Cette expérimentation, qui a pris fin en septembre 2023, représente un jalon important à cet égard. Les parties prenantes poursuivent leurs activités respectives et peuvent capitaliser sur les retombées du projet grâce aux nombreux apprentissages acquis, le tout en vue de développer de nouvelles opportunités.