BALADO – Industrie 4.0 : la compétitivité au service des travailleurs (et non l’inverse !)
Après la mécanisation (1.0), la production de masse (2.0) et l’automatisation numérique (3.0), l’industrie manufacturière entre désormais dans sa quatrième ère : celle où grâce à l’intelligence artificielle et à la communication, les machines réalisent des gains de productivité tout en valorisant les tâches des travailleurs. Deux experts du Fonds nous éclairent.
Si on se rappelle que la robotisation (3.0), combinée à la mondialisation, avait fait perdre bien des emplois en Amérique du Nord à la fin du siècle dernier, l’industrie 4.0 a un impact humain fort différent puisqu’elle vient pallier au manque de candidats dans une situation de pénurie de main-d’œuvre en Amérique du Nord.
Un balado à écouter en cliquant sur le bouton ci-dessous :
«Les industries manufacturières avaient déjà gagné en productivité en utilisant des robots, mais avec l’industrie 4.0, on ajoute de l’intelligence et de la communication; l’entreprise est truffée de capteurs qui permet aux appareils et logiciels de coordonner leurs tâches automatiquement », explique Nicolas du Parc, directeur des investissements, Capital de risque et technologies pour le Fonds ».
« Cette intelligence, ça se traduit par plus de productivité, moins de consommation de ressources, et plus de sécurité pour les travailleurs. Au fond, le 4.0 n’a pas pour vocation de remplacer les humains, mais de les aider dans leurs tâches. »
Accroître la qualité de vie et la sécurité
Il cite l’exemple d’Omnirobotic, une entreprise lavalloise partenaire du Fonds, qui intègre l’intelligence artificielle aux robots actuellement utilisés dans les procédés de peinture liquide et de revêtement en poudre.
« Par exemple, dans une usine qui produit une grande variété de pièces à peindre, c’est un humain qui le fait actuellement, car on ne peut pas reprogrammer le robot pour chaque pièce. Cette personne fait la peinture, est exposée à des produits chimiques volatils pendant ce processus, et fait ensuite l’inspection pour s’assurer que la pièce est bien peinte. Avec une technologie comme Omnirobotic, le robot va se reprogrammer automatiquement en fonction de la géométrie de la pièce, le peindre, et l’employé pourra ensuite faire l’inspection en toute sécurité à l’abri des vaporisations de peinture », explique Nicolas.
Parce qu’il est solidaire des travailleurs, dont il investit l’épargne dans les entreprises d’ici, le Fonds est sensible à cet aspect humain, ajoute l’expert.
« Notre vision du 4.0, c’est l’occasion pour les travailleurs de développer leurs compétences pour mieux contribuer à la productivité de l’entreprise tout en s’épanouissant davantage dans leur travail, avec une qualité de vie et une sécurité accrues. Dans chacun de nos investissements liés à des projets 4.0, nous nous assurons qu’il y aura maintien des emplois et que les changements seront positifs pour les gens comme pour l’environnement », dit-il.
Une question de compétitivité
Cependant, précise son collègue Martin Latreille, directeur des investissement, Industries, la poussée de 4.0 est avant tout motivée par un besoin criant de compétitivité des entreprises d’ici.
« Les entreprises ont déjà perdu beaucoup en productivité par apport aux américaines dans les 15 dernières années. En outre, la pandémie a démontré qu’elles ont intérêt à simplifier leurs chaînes d’approvisionnement pour dépendre moins des facteurs externes. Il leur faut donc optimiser non seulement leur production, mais l’ensemble de leurs processus d’affaires : inventaires, approvisionnement, service à la clientèle, etc. », dit l’expert.
Il cite l’entreprise partenaire Maibec, qui a gagné beaucoup à automatiser l’emballage des bardeaux de cèdre qu’elle vend à travers l’Amérique du Nord, et continue d’optimiser ses procédés de peinture entre autres. Selon lui, l’entreprise de Lévis illustre parfaitement à quel point la transition technologique va dorénavant être l’enjeu déterminant pour la compétitivité du Québec manufacturier.
L’expertise québécoise se démarque
La bonne nouvelle pour les québécoises qui veulent faire le saut, c’est qu’elles peuvent trouver dans la province une solide expertise en automatisation. Pour en nommer quelques-unes, on compte Excelpro, un chef de file de l’automatisation et de l’électricité industrielle avec 275 employés; ou encore Worximity, entreprise partenaire du Fonds, qui travaille à maximiser la collecte de données dans la production pour en faire des tableaux de bord en temps réel, afin de prendre des décisions plus vite et de réduire le gaspillage.
C’est d’ailleurs pour favoriser le maillage entre les entreprises désireuses de s’automatiser et celles qui peuvent les aider que le Fonds s’implique dans le Regroupement des entreprises en automatisation industrielle (REAI). Ses 135 membres combinent des revenus de plus de 1,3 milliard $. C’est le genre d’initiative qui permet au secteur manufacturier québécois d’atteindre aujourd’hui 45 % d’automatisation, contre 39 % en Ontario.
« C’est important de mettre tous les joueurs en relation, car il faut savoir que les technologies 4.0 ne se vendent pas toutes faites : elles sont pour la plupart développées sur mesure. Il faut ensuite les intégrer dans des processus existants, non seulement au niveau technique mais aussi au niveau humain, alors il faut non seulement un accompagnement technique adéquat mais aussi une approche réfléchie de gestion du changement », explique Martin Latreille.
Nicolas du Parc mentionne le récent plan d’automatisation du Groupe Meloche, qui était un beau projet sur papier mais dont la mise en œuvre dépendait de l’implication des travailleurs. Le Fonds a mis à la disposition de l’entreprise le Groupe Asthuce, son équipe d’experts multisectoriels, qui a proposé d’organiser des groupes des discussions pour identifier précisément les besoins des travailleurs, comprendre leurs appréhensions, et deviser des solutions en amont. Cela a permis de leur démontrer les avantages du projet tout en leur permettant d’y apporter leurs propres améliorations, et donc d’y adhérer plus aisément.
La tour à fraises, et autres visions du futur
« Le rôle du Fonds en tant qu’investisseur en capital de risque, c’est d’aider à faire émerger les expertises ici-même, et d’éviter à nos manufacturiers d’aller chercher des solutions en Europe ou en Asie. On veut préparer des champions qui vont non seulement répondre aux besoins d’ici, chez nous, mais aussi se démarquer sur les marchés mondiaux », insiste M. du Parc.
Au Québec, la candidate typique au 4.0 est une manufacturière qui produit beaucoup de pièces différentes, mais en petits volumes – ce qu’on appelle en bon français le High Mix, Low Volume. Près des trois quarts se reconnaissent dans ce profil, selon l’expert, dans des domaines qui vont de l’aérospatiale à la fabrication de meubles en passant par l’industrie joaillière.
« Au-delà des efforts individuels de chaque entreprise, c’est toute notre économie qui est appelée à se transformer. On peut imaginer par exemple qu’un jour, au lieu d’apporter les fraises par camion de la Californie, on les fera pousser directement dans le stationnement de la fruiterie, sans pesticides, dans des tours entièrement automatisées à longueur d’année avec une faible empreinte carbone. Des joueurs audacieux de ce type peuvent venir bousculer nos entreprises, mais les nôtres sont tout aussi capables d’aller les bousculer en renforçant leur approche stratégique 4.0 », illustre-t-il.
Quant à la gestion du changement, elle doit passer par l’implication et la communication, croit Martin Latreille.
« Le principal enjeu du 4.0 reste humain, car il a un impact parfois imprévu sur la culture de l’entreprise. Il y a des ajustements à faire, en accompagnant les travailleurs. On parle d’automatiser des tâches répétitives, mais lesquelles apporteront le plus de valeur ? C’est en étudiant la question collectivement que les membres de l’organisation trouveront les chemins les plus fructueux. »
Poursuivre la lecture sur le sujet
Batteries, stockage d’électricité et carburants de remplacement : McGill dans la course à l’innovation
Le Québec s’est engagé résolument dans la transition énergétique en promettant d’électrifier totalement ses transports, son chauffage et une partie du secteur industriel d’ici 2050. Les deux paliers de gouvernement et les multinationales investissent des milliards pour développer une filière québécoise de production de batterie. Hydro Québec dépose son plan d’action 2035 afin d’atteindre la cible de carboneutralité à l’horizon 2050.
Lire la suiteRDV En route 2024! attire un grand nombre de candidats intéressés par les métiers et les formations du secteur des transports électriques et intelligents
Montréal, le 18 mars 2024 — Propulsion Québec, la grappe des transports électriques et intelligents (TEI), avec la participation financière du gouvernement du Québec, a donné aujourd’hui le coup d’envoi de son événement phare de recrutement de main-d’œuvre, RDV En Route 2024 !, en présence de nombreux dignitaires et membres de l’industrie. Un grand nombre de […]
Lire la suiteLa FCSSQ : une institution aux premières loges d’une main-d’œuvre qualifiée répondant aux besoins du marché du travail
Au cœur de tous les enjeux du système public d’éducation, la Fédération des centres de services scolaires du Québec (FCSSQ) met son expertise au service du réseau afin de renforcer l’excellence et l’innovation, notamment au bénéfice de la qualification de la main-d’œuvre.
Lire la suitePlanifiez votre relève avec Polytechnique Montréal, un savoir durable!
Dans le but de former une relève responsable, engagée et outillée pour répondre aux besoins de la société, Polytechnique Montréal s’est engagée à renforcer la place du développement durable dans tous ses programmes de formation.
Lire la suiteLa FSG : un vaste terrain de jeu pour propulser l’électrification des transports
Par la variété des dimensions auxquelles touchent les transports électriques et intelligents, il est plus que nécessaire de solidifier le processus de développement des projets avec une collaboration multidisciplinaire. En étant la seule faculté au Québec rassemblant l’expertise de scientifiques, d’ingénieures et d’ingénieurs sous un même toit, la Faculté des sciences et de génie (FSG) de l’Université Laval est l’endroit par excellence pour apprendre à maîtriser ces projets complexes et novateurs!
Lire la suiteÉlectrification d’une voiture de course Formule SAE
Formule ETS, un club étudiant de l’École de technologie supérieure (ÉTS) a embrassé la transition énergique en relevant un défi de taille : le passage d’un moteur thermique à un train tout électrique. Cette transformation a ouvert la voie à plusieurs améliorations et de meilleures performances lors des compétitions. L’an dernier, Formule ETS remportait la 1re place à la FSAE Michigan, la plus prestigieuse compétition en Amérique du Nord.
Lire la suiteVers un avenir électrique : Les défis et opportunités d’une grande transition pour la Société de transport de Laval
Alors que le Québec s’est engagé à diminuer massivement ses émissions de gaz à effet de serre, le transport en commun représente un secteur clé pour notre avenir collectif et joue un rôle important dans la gestion des nombreux enjeux de congestion routière. Dans ce contexte, l’électrification du transport public est aussi un vecteur de développement durable et de lutte aux changements climatiques.
Lire la suiteÉlectrifier les talents : nouvelles formations et métiers émergents pour répondre au besoin croissant de l’industrie des transports électriques
Élexpertise – Comité sectoriel de la main d’œuvre de l’industrie électrique et électronique, avec le soutien de Propulsion Québec et la participation du Cégep de St-Jérôme, publie ce jour une cartographie des besoins de formations et des nouvelles compétences des professions liées à la conception et à la fabrication de véhicules électriques.
Lire la suiteHOMMAGE AUX FEMMES DANS NOTRE ÉCOSYSTÈME : Portrait de la situation dans le domaine public
Le secteur du transport a longtemps été composé à très grande majorité d’hommes. Depuis une dizaine d’années, les femmes prennent de plus en plus place aux tables de discussion, dans la direction et sur les conseils d’administration de différentes sociétés et organisations phares pour notre écosystème.
Lire la suiteLeddarTech : un logiciel automobile au service des systèmes d’aide à la conduite et de conduite autonome
Basée à Québec, Canada, LeddarTech est une entreprise de logiciels automobiles fondée en 2007 qui développe et propose des solutions de perception complètes permettant le déploiement d’applications ADAS et de conduite autonome.
Lire la suite