Le projet de navettes mené par la Ville de Montréal sur le site de Plaza St-Hubert vise à expérimenter une solution automatisée de transport collectif afin de préparer la Ville et ainsi anticiper une véritable révolution technologique dans ce secteur.
Les navettes ont été en opération durant environ cinq mois au total en 2021 et 2022. L’ensemble du processus s’est déroulé sur une période de 10 mois, après une période d’arrêt en raison de la COVID-19.
Ce service, offert gratuitement aux usagers, a également pour objectif de faciliter le déplacement des personnes sur la Plaza St-Hubert, particulièrement les individus à mobilité réduite. Chaque navette pouvait accueillir 15 passagers. À noter que les règles entourant la pandémie et celles spécifiques à la sécurité ont limité la capacité des véhicules au nombre de places assises désignées avec ceintures de sécurité.
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Avant la mise en service des navettes, l’équipe a mené des études de faisabilité afin d’identifier les sites pertinents pour l’utilisation de navettes autonomes. Le but était d’identifier les sites les plus aptes à accueillir des véhicules autonomes, en fonction des besoins et des particularités du territoire.
Par exemple, elle s’est assurée de définir précisément le parcours pour bien comprendre les défis dès le départ ainsi que la valeur ajoutée d’un tel service. Plusieurs autres éléments, comme la disponibilité d’un stationnement pour les navettes, l’accès à de l’électricité pour la recharge, l’élagage des arbres (les branches et feuilles trop basses peuvent perturber le bon fonctionnement des capteurs) et la qualité de la chaussée, doivent aussi être considérés en amont.
Le ministère des Transports et la SAAQ se sont assurés du respect de la sécurité routière des usagers en tout temps. Un comité technique composé d’experts en sécurité routière de deux entités a, entre autres, réalisé la validation technique et assuré le suivi de la démarche dans le respect des réglementations en vigueur. Une fois les véhicules jugés aptes pour l’expérimentation, un arrêté ministériel a été approuvé par le ministre des Transports, donnant ainsi l’autorisation requise pour aller de l’avant avec le projet.
Des investissements de 1,3 M$ ont été requis pour la location des navettes, la programmation-configuration, l’entretien, la formation des opérateurs à bord et les travaux d’aménagement du site. Le projet a bénéficié d’une subvention octroyée par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH).
Les observations des usagers de la route sur le site ont révélé des vitesses pratiquées de l’ordre de 35 km/h, voire 40 km/h sur certains segments de la rue St-Hubert, bien que la vitesse maximale soit de 20 km/h. La vitesse maximale atteinte par les navettes est de 17.94 km/h soit un différentiel élevé de l’ordre de 17 km/h ou 22 km/h entre elles et les autres usagers de la route. Le but d’une navette autonome n’est pas de fonctionner comme atténuateur de vitesse. Ce n’est pas nécessairement un avantage, mais plutôt un risque, par la disparité de vitesse entre la navette et les autres usagers qui empruntent la chaussée.
Les données issues du rapport de pilotage en mode autonome versus en mode manuel indiquent que 89-90 % du pilotage des navettes a été réalisé sans l’intervention d’opérateurs. Les reprises en manuel sont principalement dues à des véhicules en double stationnement ou empiétant sur la voirie à l’endroit même où la navette doit passer. La disparité de vitesse entre la navette et les autres usagers qui empruntent la chaussée à haute vitesse peut donc constituer un risque. Bien que le but d’une navette autonome ne soit pas de fonctionner comme atténuateur de vitesse, il s’agit dans ce cas d’une valeur ajoutée.
Quatre des huit intersections franchies par les navettes sont équipées d’une infrastructure de contrôle de feux de circulation qui assure la communication avec le système embarqué à bord de la navette afin que cette dernière puisse franchir chacune des intersections en toute sécurité. Deux problèmes semblent avoir été identifiés et il est prévu que des solutions soient déployées au cours de la phase 2 afin que le projet puisse continuer.
Les lidars permettent au véhicule de détecter des objets dans son environnement, sans toutefois lui donner la capacité de distinguer entre les différents types d’objets. Ne pouvant différencier un humain d’un objet inerte, les navettes adoptent le même comportement précautionneux de s’immobiliser. Dans des cas d’obstacles imprévus ou soudains, le freinage peut s’effectuer de façon brusque et inattendue.
Le niveau d’autonomie des navettes leur permet d’être utilisées dans un milieu urbain mouvementé. Celui-ci doit être adapté aux limitations de la navette. Il faut ainsi prévoir une chaussée de bonne qualité, un marquage au sol et une signalisation adaptée, un environnement prévisible et un opérateur aux aguets.
Importance de privilégier une approche constructive axée sur la collaboration au sein de l’équipe.
Les leçons apprises et les meilleures pratiques seront intégrées dans le prochain Plan d’urbanisme et de mobilité de la Ville 2050. Les constats permettront de nourrir les réflexions concernant la mobilité autonome et partagée. Des navettes plus autonomes permettraient notamment de mieux découvrir le potentiel et les limites de ces véhicules.
Les facteurs de succès du projet actuel reposent sur l’adaptation de l’environnement physique de la navette et une surveillance en continu de l’opérateur.
La convention d’entente entre la Ville de Montréal et le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) encadrant les études et expérimentations sur les Véhicules Autonomes est valide jusqu’en 2022. Celle-ci peut être prolongée jusqu’en 2025. Une décision à cet effet sera prise par le gouvernement.
La démonstration du concept repose sur la conduite d’autres projets d’expérimentation d’autobus et de minibus autonomes. Une réflexion concernant l’avenir de ce type de véhicules au Québec devra être envisagée.
Laboratoire d’innovation urbaine
Ville de Montréal
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Montréal (Québec) H3C 0G4
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