À la suite des connaissances qui ont émané de cet échange, Propulsion Québec propose la série d’articles Regards Croisés mettant en valeur les thèmes abordés pendant le Forum. Ce cinquième article propose un constat sur la transition vers une mobilité faisant place aux navettes autonomes. 

Les navettes autonomes feront de plus en partie du paysage de la mobilité au cours des prochaines années et les experts se questionnent sur la meilleure façon de procéder à une intégration sécuritaire et efficace de ce mode de transport dans notre vie de tous les jours.  

Enjeux de sécurité, d’intégration et d’« intermobilité » 

Bien que les usagers aient répondu de façon favorable aux récents projets pilotes de navettes autonomes déployés au Québec, l’introduction des navettes et des véhicules autonomes au sein du réseau de transport actuel rencontre quelques enjeux. Ce qui inquiète le plus les experts, ce sont les différents degrés d’autonomisation des véhicules autonomes, plus communément appelé l’« intermobilité ». Les fabricants de véhicules et de navettes autonomes doivent veiller à développer des outils qui permettent aux navettes autonomes de communiquer efficacement avec l’ensemble des usagers de la route, incluant les piétons et les cyclistes, qui réagissent de façon moins prévisible que les autres usagers de la route. 

Un autre enjeu soulevé est celui de l’intégration de la technologie nécessaire aux navettes dans nos infrastructures actuelles. Les navettes autonomes récemment déployées avaient un comportement assez simple, alors que d’autres véhicules connectés en test actuellement ailleurs dans le monde sont plus complexes au niveau technologique. Selon les experts, les fabricants de navettes autonomes doivent développer des technologies qui peuvent s’intégrer aux infrastructures actuelles.  

Les enjeux de cybersécurité et de transfert de données sont également à considérer. 

Le rôle des navettes autonomes 

Le rôle des navettes autonomes est appelé à évoluer au cours des prochaines années. Ce dernier doit être finement réfléchi afin de trouver la place qu’occupera ce type de véhicules sur nos routes, afin de servir au mieux les citoyens (solution de transport pour le premier et le dernier kilomètres, par exemple). Les navettes autonomes ne concerne pas que le transport de passager, elles peuvent également permettre l’accessibilité aux ressources alimentaires et aux organismes communautaires dans certains quartiers ou encore, aux équipements spécialisés.

La pandémie de la COVID-19 que l’on vit actuellement a forcé la mise sur pause de certains mais a aussi permis de revoir entièrement le potentiel et l’utilité des navettes autonomes. Certaines villes et institutions dans le monde ont revu l’utilisation de leurs navettes autonomes pour permettre le transport de matériel médical, d’équipements de protection et de personnes par exemple. La transition vers une mobilité permettant le déploiement des navettes autonomes doit s’ancrer dans les enjeux socio-spatiaux spécifiques à chaque territoire. Selon les experts, les projets de navettes autonomes devraient inclure cette réflexion dès le début des phases de développement et de tests pour qu’ils réussissent. 

Intégration aux infrastructures actuelles 

Les navettes autonomes sont des véhicules hors normes, innovants et équipés d’éléments amélioratifs matériels ou informatiques nécessitent des infrastructures particulières capables de supporter ces technologies et outils.  

Différents éléments doivent donc être considérés face à l’intégration des navettes autonomes dans le réseau routier actuel, soit : 

1. L’installation de stations de recharge énergétique en quantité suffisante près des infrastructures où les navettes autonomes circulent ;
2. La mise en place d’une importante campagne éducationnelle et pédagogique liée au mode de fonctionnement et à l’utilité des navettes autonomes, afin d’assurer une bonne compréhension de la part des différents usagers et un taux de réussite du projet face à l’intégration des navettes. Cette confiance de l’humain face à cette nouvelle technologie jouera un grand rôle au niveau de l’acceptabilité et du comportement face à ces véhicules ; 
3. L’organisation de bonnes infrastructures routières afin d’éviter que les navettes éprouvent des difficultés à circuler. Dans le cadre de certains projets pilotes, des navettes avaient de la difficulté à aborder ou à appréhender le territoire sur lequel elles étaient déployées, à cause des conditions météorologiques (glace, neige ou asphalte abîmée).  

Les experts s’entendent toutefois sur le fait que les navettes autonomes doivent pouvoir s’adapter à l’environnement où elles seront mis en circulation, pour être déployés à grande échelle, ces véhicules devront s’adapter aux infrastructures actuelles. L’interconnectivité entre les véhicules autonomes et les autres usagers de la route devra être efficace et standardisée par tous les fabricants. La construction et la mise en place des navettes autonomes dépend fondamentalement du besoin initial du contexte où elle va évoluer. 

Finalement, un grand travail de sensibilisation auprès de la population doit être fait afin de démontrer le potentiel et l’utilité des véhicules autonomes. S’ils en comprennent l’utilité et s’y sentent en sécurité, ils seront plus enclins à utiliser cette nouvelle solution de mobilité technologique. Il faut définir clairement leurs avantages et limites, les environnements dans lesquels elles évoluent très bien et ce qu’elles peuvent apporter concrètement à notre mobilité afin qu’elles occupent une place de choix dans le réseau routier de demain. 

À ÉCOUTER (OU À RÉÉCOUTER!) | WEBINAIRE SUR LA TRANSITION VERS UNE MOBILITÉ FAISANT PLACE AUX NAVETTES AUTONOMES 

Avec : 

Les panélistes ont échangé sur les étapes et enjeux qu’ils entrevoient pour mener à une implantation progressive des navettes autonomes dans nos villes, municipalités et sociétés. 

• Primaël-Marie Sodonon, Conseiller en innovation et en projets pilotes Véhicules Autonomes, Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal ; 
• Nicolas Saunier, Professeur titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de l’École Polytechnique de Montréal ; 
• Benjamin Docquiere, Chercheur associé au projet de navette autonome du Quartier de l’Innovation et candidat à la Maîtrise en Études Urbaines, ESG-UQAM. 

Ce forum, organisé par Propulsion Québec, a été rendu possible grâce à notre grand partenaire le Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal et à nos collaborateurs Jalon Montréal et IVÉO. 

L’INDUSTRIE DES NAVETTES AUTONOMES AU QUÉBEC 

Plusieurs des membres de Propulsion Québec sont impliqués de près ou de loin dans la concrétisation de ces projets de navettes autonomes. Pour en apprendre davantage sur leur expertise dans le domaine, nous vous invitons à visiter leurs différents sites Web : 

• Leddartech: Technologie LiDAR 
• Keolis: Opérateur 
• Transdev: Opérateur 
• Orange Traffic : Feu de circulation intelligent 
• Ivéo : Planification de projet 
• Jalon MTL : Planification de projet 

À LIRE

Lisez également les premiers articles de la série Regards croisés : Anatomie d’une navette autonome : portrait d’une technologie qui ouvre une toute nouvelle voie, Les pionniers : trois projets de navettes autonomes au Québec depuis 2018, La réglementation au Québec pour les navettes autonomes : la situation actuelle, Déploiement des navettes autonomes : acceptabilité sociale et réceptivité des citoyens et restez à l’affût pour le prochain et dernier article de la série !