La navette autonome, une révolution à nos portes

Avec des chercheurs de renommée internationale en intelligence artificielle, la province tient un rôle de chef de file pour le développement des systèmes de navigation intelligents.

par Atelier 10
La navette autonome, une révolution à nos portes

On en a fait du chemin depuis l’avènement des freins ABS. Ces technologies d’aide à la conduite sont pourtant les premières percées de l’intelligence véhiculaire promettant aujourd’hui de transformer le transport en profondeur. Les experts sont unanimes: nous sommes à l’aube d’une révolution majeure.

La technologie est désormais assez avancée pour que de nombreuses villes sautent à pieds joints dans l’implantation de projets pilotes de conduite autonome. Au Québec, le projet de loi 165 permet dorénavant au ministre d’autoriser des initiatives du genre pour les véhicules et les navettes autonomes sur le domaine public. Le gouvernement canadien travaille aussi avec les provinces sur une stratégie nationale qui devrait être connue en 2019.

Le climat demeure un grand défi au Québec. Les systèmes de navigation intelligents ont encore du mal à faire face à toutes les conditions météorologiques, et particulièrement à la neige. Les véhicules ne sont peut-être pas encore 100% autonomes, mais chose certaine, ça ne saurait tarder. Le centre de recherche Groupe PIT, l’un des groupes affiliés à l’organisme spécialisé en recherche technologique de pointe FPInnovations, travaille présentement en consortium avec plusieurs entreprises québécoises pour concevoir et assembler une navette autonome qui fonctionnerait dans les conditions difficiles du Québec, et ce, d’ici trois ans.

La navette autonome, un transport réellement intelligent

Le véhicule autonome servira d’abord et avant tout à améliorer le transport collectif, en allant par exemple chercher et déposer les gens à leur porte pour les conduire jusqu’à un système de transport collectif performant, comme le REM.

« Ce qu’on souhaite voir à terme c’est la réduction de l’auto solo. », concède Yves Provencher, directeur des marchés émergents chez Groupe PIT.

La révolution des véhicules autonomes risquerait en effet de se transformer en cauchemar si chacun possédait une voiture automatisée. « Imaginez que chaque personne travaillant au centre-ville de Montréal se fasse déposer par sa voiture autonome le matin. Et que toutes ces voitures retournent ensuite à la maison pour éviter de payer un stationnement. Ces voitures reviendraient alors chercher leur propriétaire en fin de journée. Il y aurait constamment des voitures en circulation! La congestion serait interminable! », prévient Yves Provencher.

« Au minimum, il faut développer des services de véhicules partagés, comme car2go, par exemple, en version autonome. Mieux encore, il faudrait des navettes qui permettent de conduire une quinzaine de personnes à la fois ».

Pour Marie-Hélène Cloutier, vice-présidente expérience passager, marketing et commercialisation chez Keolis Canada, « des navettes autonomes, modernes et fiables auraient le potentiel de décourager les gens d’utiliser leur voiture. Cela permettrait une meilleure fluidité de la circulation tout en réduisant le nombre d’accidents de la route, le stress lié à la conduite et les émissions de gaz à effet de serre ».

Le Québec en bonne position

 Le Québec est en excellente position pour se démarquer à l’échelle mondiale en matière d’intelligence véhiculaire, et particulièrement en ce qui a trait aux navettes autonomes. Avec des chercheurs de renommée internationale en intelligence artificielle, la province tient un rôle de chef de file pour le développement des systèmes de navigation intelligents.

De plus, le Québec a développé au cours des ans une expertise en conception de véhicules de transport collectif (versus les véhicules de passagers), ce qui lui confère un avantage compétitif indéniable pour le développement de véhicules intelligents voués au transport collectif.

Le transport autonome, un avenir prospère

 La venue du transport autonome et la diminution des coûts liés à la congestion, aux carburants et aux accidents de la route engendreraient une économie potentielle de 65 milliards de dollars par an pour les Canadiens. Ces nouvelles technologies occasionneraient aussi la création de centaines emplois et le développement de nouveaux secteurs économiques.[1]

[1] Rapport du Comité sénatorial permanent des transports et des communications. Paver la voie. Technologie et le futur du véhicule automatisé. Janvier 2018