Déploiement des navettes autonomes : acceptabilité sociale et réceptivité des citoyens
Dans le cadre de son chantier Démonstration et expérimentation, Propulsion Québec a tenu le Forum Regards croisés : les navettes autonomes au Québec les 9 et 10 septembre derniers. Présenté sous la forme de 5 conférences virtuelles, il avait pour objectif de faire une rétrospective sur les projets de navettes autonomes qui se sont déroulés au Québec et de partager les apprentissages de ces expériences.
À la suite des connaissances qui ont émané de cet échange, Propulsion Québec propose la série d’articles Regards Croisés mettant en valeur les thèmes abordés pendant le Forum. Ce quatrième article propose un constat sur l’acceptabilité sociale et la réceptivité des citoyens envers le déploiement et l’utilisation des navettes autonomes.
À la suite du déploiement des projets pilotes de la navette autonome de Keolis dans la ville de Candiac, et celle de Transdev sur le territoire du Parc Olympique, des spécialistes de la propension des citoyens et citoyennes à utiliser des services de navettes autonomes ont sondé les usagers afin de connaître leur réceptivité face à l’utilisation de tels véhicules.
L’enquête en ligne menée par Trajectoire Québec, dans le cadre de la campagne Autonome vers mon transport !, indique que plus de 70 % des répondants n’étaient aucunement informés de l’existence de l’un ou l’autre des projets pilotes de navettes autonomes au Québec. Il est important de préciser que plus de la moitié de ces répondants provenaient de la région de Montréal ou de la Montérégie, là où ont eu lieu les deux projets pilotes. La majorité des répondants au sondage ont mentionné être des usagers réguliers ou occasionnels du transport collectif. Malgré le taux de connaissances assez faible perçu dans le cadre de cette enquête, la perception des gens qui émane des résultats est plutôt favorable envers la présence et le déploiement de navettes autonomes.
Acceptabilité sociale chez le grand public : perceptions
- 50 % des répondants se disent plutôt confortable ou très confortable face à l’autonomisation des véhicules
- 60 % des répondants pensent que les navettes autonomes peuvent répondre à un besoin de mobilité
- La sécurité des passagers à bord (28 %) semble être un obstacle moins important que la sécurité de ceux qui sont à l’extérieur de la navette et qui ne sont pas automobilistes (42 %)
- 86 % des répondants affirment qu’ils utiliseraient un service de navette autonome si un circuit était développé sur un parcours qu’ils fréquentent*
*Données recueillies dans le cadre de l’enquête Autonome vers mon transport ! menée par Trajectoire Québec.
Parmi les raisons qui ressortent pour ne pas utiliser le service :
- Les usagers du vélo considèrent que le vélo est un moyen plus efficace de se déplacer ;
- D’autres répondants évoquent les questions liées à la sécurité alors que la technologie est encore récente et en mode test.
Les répondants enclins à utiliser un service de navette le feraient en remplacement d’un trajet déjà effectué en transport collectif (55 %), en voiture (50 %) et à pied (40 %). Ce qui répond au fameux dernier kilomètre à compléter, afin d’éviter l’utilisation de la voiture pour se rendre à un point de transport collectif, par exemple.
L’aspect de la sécurité est un volet très important pour les usagers :
- Près de la moitié des gens sondés estiment que la navette autonome améliorerait la sécurité routière ;
- La présence d’un opérateur dans la navette contribue au sentiment de sécurité des usagers ;
- Peu estiment que la navette autonome causerait plus de risques pour la sécurité sur les routes, la plus forte proportion étant des cyclistes en raison de quelques incidents mineurs survenus dans le cadre des deux projets pilotes. Certains cyclistes tentaient de circuler entre la navette et le trottoir, ce qui déclenchait un détecteur de danger potentiel et faisait arrêter la navette.
Méconnaissance et manque d’information du grand public
Parmi les études réalisées, autant celle de Trajectoire Québec que celle de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) menée avec plusieurs partenaires, un constat ressort de manière très claire : les répondants sont peu au courant des projets qui ont lieu sur le territoire et connaissent peu l’autonomisation des véhicules. Ils sont toutefois confiants et enclins à utiliser des services qui seraient développées. Il faudrait donc les informer davantage afin qu’ils soient conscientisés au fonctionnement des navettes, à leur utilité et à leur apport en termes de mobilité. Les navettes autonomes doivent répondre à un besoin de mobilité du grand public.
Une question de sécurité d’abord et avant tout
Les principales inquiétudes soulevées par les citoyens sont reliées à la cohabitation des navettes autonomes avec les autres véhicules, les cyclistes et les piétons. De par l’incompréhension quant au fonctionnement même de la navette, les autres usagers de la route ont des comportements et des réactions inappropriées face à celle-ci. Selon les résultats de l’enquête menée par l’INRS, 20 % des répondants affirment avoir changé leur comportement sur la route lorsqu’ils ont croisé la navette autonome à Candiac, que ce soit en ralentissant, en tentant d’avoir un contact visuel avec l’opérateur ou en effectuant un dépassement, dû à la très basse vitesse de la navette.
Autre inquiétude soulevée : qu’arrivera-t-il à bord de la navette si quelqu’un éprouve un malaise, par exemple ? Toute la question de la gestion d’une situation problématique à l’intérieur même de la navette préoccupe les gens sondés. Les spécialistes entrevoient la possibilité que l’opérateur puisse agir comme conseiller, autant pour expliquer aux gens le fonctionnement d’une navette autonome, pour indiquer les différents points d’arrêt ou être simplement une ressource en cas d’urgence ou encore pour accompagner une personne à mobilité réduite. La technologie continuera d’évoluer et peut-être qu’éventuellement les navettes pourront circuler sans opérateur.
Malgré les quelques craintes soulevées, les gens demeurent curieux et intéressés à tester davantage de navettes autonomes, la période est donc idéale pour maximiser le déploiement de projets pilotes sur le territoire québécois afin que la population s’y familiarise et en comprenne toutes les facettes.
À écouter (ou à réécouter!) | Webinaire sur l’acceptabilité sociale et les véhicules autonomes
Avec :
Des spécialistes de la propension des citoyens et citoyennes à utiliser des services de navettes autonomes expliquent au public quels sont au sein de la population les enjeux en lien le déploiement des véhicules autonomes, la réceptivité de la population et ce que les études récentes sur le sujet nous apprennent.
Conférencières :
- Marie-Soleil Cloutier, professeure agrégée, directrice, Laboratoire piéton et espace urbain (LAPS) ;
- Sarah V. Doyon, Directrice de Trajectoire Québec.
Le Forum Regards Croisés : les navettes autonomes au Québec, organisé par Propulsion Québec, a été rendu possible grâce à notre grand partenaire le Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal et à nos collaborateurs Jalon Montréal et IVÉO.
L’industrie des navettes autonomes au Québec
Plusieurs des membres de Propulsion Québec sont impliqués de près ou de loin dans la concrétisation de ces projets de navettes autonomes. Pour en apprendre davantage sur leur expertise dans le domaine, nous vous invitons à visiter leurs différents sites Web :
- Leddartech: Technologie LiDAR
- Keolis: Opérateur
- Transdev: Opérateur
- Orange Traffic : Feu de circulation intelligent
- Ivéo : Planification de projet
- Jalon MTL : Planification de projet
À lire
Lisez également les premiers articles de la série Regards croisés : Anatomie d’une navette autonome : portrait d’une technologie qui ouvre une toute nouvelle voie, Les pionniers : trois projets de navettes autonomes au Québec depuis 2018 et La réglementation au Québec pour les navettes autonomes : la situation actuelle et restez à l’affût pour les prochains articles!
Poursuivre la lecture sur le sujet
Les défis de conception d’un véhicule minier 100 % électrique de 40 tonnes pour les mines à ciel ouvert
Partenariats et implications Les partenaires impliqués sur le projet de développement d’un véhicule minier québécois 100 % électrique ont tous souhaité s’impliquer dès le départ, et ce, pour différentes raisons. Eddy Zuppel du CNRC, détaille leur contribution : « Il était important, en amont du projet, de modéliser et simuler le circuit du véhicule pour comprendre […]
Lire la suiteRépertoire des centres d’essais et des lois, règlements et normes du secteur des TEI
Recherchez un laboratoire pour mener vos essais et informez-vous sur les normes à respecter pour vous aider dans la conception d’un nouveau véhicule électrique ou de composantes de véhicules électriques. L’outil Répertoire des centres d’essais du secteur des transports électriques et intelligents (TEI) est un tableau de bord qui permet d’obtenir des informations sur les […]
Lire la suiteProtégé : Répertoire des centres d’essais et des lois, règlements et normes du secteur des TEI
Il n’y a pas d’extrait, car cette publication est protégée.
Lire la suitePotentiel d’adoption de l’hydrogène vert dans le transport lourd et de longue distance au Québec
Propulsion Québec, la grappe des transports électriques et intelligents (TEI), et InnovÉÉ - le Regroupement sectoriel de recherche industrielle (RSRI) en énergie électrique, dévoilent ce jour une étude sur le potentiel de l’hydrogène vert pour le transport lourd et longue distance au Québec.
Lire la suiteDéfis Innovation
Le programme Défis Innovation finance des projets d’expérimentation en transports électriques et intelligents (TEI) menés par des entreprises au sein des ministères et organismes publics (MO) jusqu’à concurrence de 500 000 $ par entreprise.
Lire la suiteMiser sur le transfert modal et la technologie pour une meilleure efficacité énergétique
Propulsion Québec, la grappe industrielle des transports électriques et intelligents (TEI), dépose aujourd’hui son mémoire dans le cadre de la consultation publique sur l’encadrement et le développement des énergies propres au Québec.
Lire la suiteLe Québec confirme sa volonté de figurer sur l’échiquier mondial
Propulsion Québec, la grappe industrielle des transports électriques et intelligents, salue l’annonce d’une zone d’innovation dans la Vallée de la transition énergétique (VTÉ) effectuée aujourd’hui.
Lire la suite