À la suite des connaissances qui ont émané de cet échange, Propulsion Québec propose la série d’articles Regards Croisés mettant en valeur les thèmes abordés pendant le Forum. Ce sixième et dernier article propose un constat sur les technologies, d’aujourd’hui à demain.

À la suite des expérimentations de navettes autonomes effectuées au cours des dernières années au Québec, plusieurs experts affirment que celles-ci ne permettent pas d’assurer une sécurité suffisante pour être intégrées au système de transport actuels. Voyons quelles sont les problématiques reliées à la sécurité et comment les navettes autonomes évolueront au cours des prochaines années dans notre système de transport.

Les expérimentations de navettes autonomes qui ont eu lieu au Québec, dont celle de Keolis à Candiac et celle de Transdev sur le territoire du Parc Olympique à Montréal, ne permettent pas d’assurer une circulation 100 % sécuritaire dans leur format actuel selon Denis Gingras, professeur titulaire au département de génie électrique et génie informatique de l’Université de Sherbrooke et directeur, du Laboratoire sur l’Intelligence Véhiculaire. M.Gingras estime qu’il est actuellement trop peu sécuritaire de remplacer un conducteur humain par une navette entièrement automatisée. Plusieurs problématiques ne permettant pas d’assurer ni la sécurité des passagers, ni celle des usagers de la route, ont été soulevées et sont développées ci-dessous.

Un enjeu de sécurité

Les principaux problèmes de sécurité relevés lors des expérimentations de navettes autonomes au Québec ont été regroupés en quatre catégories :

1. Déviation de parcours: problèmes de géolocalisation et de planification de trajectoires ;
2. Mauvaise interprétation de l’environnement: problèmes de perception – détection, classification et suivi des obstacles (mobiles) à proximité ;
3. Mauvaises manœuvres: problèmes de contrôle, accélérations / décélérations brusques, freinages brusques injustifiés ;
4. Interfaces passager erratiques: embarquement et débarquement des passagers mal synchronisés, mauvaise perception du comportement des usagers.

Les véhicules autonomes font face à de grands défis pour atteindre un niveau de sécurité équivalent à la conduite humaine. Comme l’explique Denis Gingras, « le conducteur humain est un excellent conducteur, les probabilités d’un accident grave sont très rares. Les technologies des véhicules autonomes ne permettent pas d’atteindre ce même niveau de sécurité actuellement. »

Appliquer les technologies des navettes autonomes aux navettes traditionnelles

Pourquoi ne pas utiliser les systèmes embarqués des navettes autonomes sur les navettes traditionnelles, aidant ainsi à sécuriser encore plus la conduite humaine ? Voilà la suggestion de notre expert en intelligence véhiculaire. « Les technologies peuvent être utilisées à court terme de façon plus intelligente que l’autonomie complète et l’automatisation complète de la conduite à l’aide des ADAS (systèmes d’aide à la conduite). Je suggère d’opter pour une navette avec un conducteur humain, mais qui peut être instrumentée afin de rehausser la sécurité de la conduite humaine avec, par exemple, des caméras vidéo et des capteurs pour éliminer les angles morts. » Denis Gingras propose même un projet-pilote avec une navette traditionnelle où le système de conduite automatisée est intégré et, pendant une durée déterminée, pour lequel les données de conduite sont collectées. « On cumule ainsi le plus grand nombre de scénarios de conduite possibles et on voit comment le système embarqué réagit sans mettre en danger les passagers et les gens autour de la navette puisque ce dernier ne prend pas le contrôle de la navette. »

Répondre à un besoin de mobilité

Selon Denis Gingras, il faut d’abord évaluer les besoins en mobilité et déterminer la pertinence réelle des navettes traditionnelles avec conducteur humain avant même de songer à développer des navettes entièrement autonomes. « Si on a un projet-pilote de navettes à mettre de l’avant, il serait important d’évaluer le besoin réel, le nombre de passagers moyens, déterminer où sont les besoins criants, vérifier et valider à ce qu’elle apporte vraiment une solution durable » estime M. Gingras. « S’il y a des besoins, après quelques années, et que ça se passe bien avec des navettes traditionnelles avec des conducteurs humains, là on pourra envisager l’automatisation de ces navettes dans un contexte sécuritaire. »

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Avec :

Le conférencier, un expert en intelligence véhiculaire, partage son expérience au public sur les limites technologiques des navettes autonomes et sa vision du futur des navettes autonomes.

Conférencier :

• Denis Gingras, professeur titulaire, Département Génie électrique et génie informatique, Université de Sherbrooke et directeur, LIV-UdeS (Laboratoire sur l’Intelligence Véhiculaire)

Ce forum, organisé par Propulsion Québec, a été rendu possible grâce à notre grand partenaire le Laboratoire d’innovation urbaine de Montréal et à nos collaborateurs Jalon Montréal et IVÉO.

L’INDUSTRIE DES NAVETTES AUTONOMES AU QUÉBEC

Plusieurs des membres de Propulsion Québec sont impliqués de près ou de loin dans la concrétisation de ces projets de navettes autonomes. Pour en apprendre davantage sur leur expertise dans le domaine, nous vous invitons à visiter leurs différents sites Web :

• Leddartech: Technologie LiDAR
• Keolis: Opérateur
• Transdev: Opérateur
• Orange Traffic : Feu de circulation intelligent
• Ivéo: Planification de projet
• Jalon MTL: Planification de projet

Lisez également les premiers articles de la série Regards croisés : Anatomie d’une navette autonome : portrait d’une technologie qui ouvre une toute nouvelle voie, Les pionniers : trois projets de navettes autonomes au Québec depuis 2018, La réglementation au Québec pour les navettes autonomes : la situation actuelle, Déploiement des navettes autonomes : acceptabilité sociale et réceptivité des citoyens, La transition vers une mobilité faisant place aux navettes autonomes.