BALADO – Industrie 4.0 : la compétitivité au service des travailleurs (et non l’inverse !)

Publié le 30 mars 2022 Fonds de solidarité FTQ Audio

Après la mécanisation (1.0), la production de masse (2.0) et l’automatisation numérique (3.0), l’industrie manufacturière entre désormais dans sa quatrième ère : celle où grâce à l’intelligence artificielle et à la communication, les machines réalisent des gains de productivité tout en valorisant les tâches des travailleurs. Deux experts du Fonds nous éclairent.

Si on se rappelle que la robotisation (3.0), combinée à la mondialisation, avait fait perdre bien des emplois en Amérique du Nord à la fin du siècle dernier, l’industrie 4.0 a un impact humain fort différent puisqu’elle vient pallier au manque de candidats dans une situation de pénurie de main-d’œuvre en Amérique du Nord.

Un balado à écouter en cliquant sur le bouton ci-dessous :

«Les industries manufacturières avaient déjà gagné en productivité en utilisant des robots, mais avec l’industrie 4.0, on ajoute de l’intelligence et de la communication; l’entreprise est truffée de capteurs qui permet aux appareils et logiciels de coordonner leurs tâches automatiquement », explique Nicolas du Parc, directeur des investissements, Capital de risque et technologies pour le Fonds ».

« Cette intelligence, ça se traduit par plus de productivité, moins de consommation de ressources, et plus de sécurité pour les travailleurs. Au fond, le 4.0 n’a pas pour vocation de remplacer les humains, mais de les aider dans leurs tâches. »

Accroître la qualité de vie et la sécurité

Il cite l’exemple d’Omnirobotic, une entreprise lavalloise partenaire du Fonds, qui intègre l’intelligence artificielle aux robots actuellement utilisés dans les procédés de peinture liquide et de revêtement en poudre.

« Par exemple, dans une usine qui produit une grande variété de pièces à peindre, c’est un humain qui le fait actuellement, car on ne peut pas reprogrammer le robot pour chaque pièce. Cette personne fait la peinture, est exposée à des produits chimiques volatils pendant ce processus, et fait ensuite l’inspection pour s’assurer que la pièce est bien peinte. Avec une technologie comme Omnirobotic, le robot va se reprogrammer automatiquement en fonction de la géométrie de la pièce, le peindre, et l’employé pourra ensuite faire l’inspection en toute sécurité à l’abri des vaporisations de peinture », explique Nicolas.

Parce qu’il est solidaire des travailleurs, dont il investit l’épargne dans les entreprises d’ici, le Fonds est sensible à cet aspect humain, ajoute l’expert.

« Notre vision du 4.0, c’est l’occasion pour les travailleurs de développer leurs compétences pour mieux contribuer à la productivité de l’entreprise tout en s’épanouissant davantage dans leur travail, avec une qualité de vie et une sécurité accrues. Dans chacun de nos investissements liés à des projets 4.0, nous nous assurons qu’il y aura maintien des emplois et que les changements seront positifs pour les gens comme pour l’environnement », dit-il.

Une question de compétitivité

Cependant, précise son collègue Martin Latreille, directeur des investissement, Industries, la poussée de 4.0 est avant tout motivée par un besoin criant de compétitivité des entreprises d’ici.

« Les entreprises ont déjà perdu beaucoup en productivité par apport aux américaines dans les 15 dernières années. En outre, la pandémie a démontré qu’elles ont intérêt à simplifier leurs chaînes d’approvisionnement pour dépendre moins des facteurs externes. Il leur faut donc optimiser non seulement leur production, mais l’ensemble de leurs processus d’affaires : inventaires, approvisionnement, service à la clientèle, etc. », dit l’expert.

Il cite l’entreprise partenaire Maibec, qui a gagné beaucoup à automatiser l’emballage des bardeaux de cèdre qu’elle vend à travers l’Amérique du Nord, et continue d’optimiser ses procédés de peinture entre autres. Selon lui, l’entreprise de Lévis illustre parfaitement à quel point la transition technologique va dorénavant être l’enjeu déterminant pour la compétitivité du Québec manufacturier.

L’expertise québécoise se démarque

La bonne nouvelle pour les québécoises qui veulent faire le saut, c’est qu’elles peuvent trouver dans la province une solide expertise en automatisation. Pour en nommer quelques-unes, on compte Excelpro, un chef de file de l’automatisation et de l’électricité industrielle avec 275 employés; ou encore Worximity, entreprise partenaire du Fonds, qui travaille à maximiser la collecte de données dans la production pour en faire des tableaux de bord en temps réel, afin de prendre des décisions plus vite et de réduire le gaspillage.

C’est d’ailleurs pour favoriser le maillage entre les entreprises désireuses de s’automatiser et celles qui peuvent les aider que le Fonds s’implique dans le Regroupement des entreprises en automatisation industrielle (REAI). Ses 135 membres combinent des revenus de plus de 1,3 milliard $. C’est le genre d’initiative qui permet au secteur manufacturier québécois d’atteindre aujourd’hui 45 % d’automatisation, contre 39 % en Ontario.

« C’est important de mettre tous les joueurs en relation, car il faut savoir que les technologies 4.0 ne se vendent pas toutes faites : elles sont pour la plupart développées sur mesure. Il faut ensuite les intégrer dans des processus existants, non seulement au niveau technique mais aussi au niveau humain, alors il faut non seulement un accompagnement technique adéquat mais aussi une approche réfléchie de gestion du changement », explique Martin Latreille.

Nicolas du Parc mentionne le récent plan d’automatisation du Groupe Meloche, qui était un beau projet sur papier mais dont la mise en œuvre dépendait de l’implication des travailleurs. Le Fonds a mis à la disposition de l’entreprise le Groupe Asthuce, son équipe d’experts multisectoriels, qui a proposé d’organiser des groupes des discussions pour identifier précisément les besoins des travailleurs, comprendre leurs appréhensions, et deviser des solutions en amont. Cela a permis de leur démontrer les avantages du projet tout en leur permettant d’y apporter leurs propres améliorations, et donc d’y adhérer plus aisément.

La tour à fraises, et autres visions du futur

« Le rôle du Fonds en tant qu’investisseur en capital de risque, c’est d’aider à faire émerger les expertises ici-même, et d’éviter à nos manufacturiers d’aller chercher des solutions en Europe ou en Asie. On veut préparer des champions qui vont non seulement répondre aux besoins d’ici, chez nous, mais aussi se démarquer sur les marchés mondiaux », insiste M. du Parc.

Au Québec, la candidate typique au 4.0 est une manufacturière qui produit beaucoup de pièces différentes, mais en petits volumes – ce qu’on appelle en bon français le High Mix, Low Volume. Près des trois quarts se reconnaissent dans ce profil, selon l’expert, dans des domaines qui vont de l’aérospatiale à la fabrication de meubles en passant par l’industrie joaillière.

« Au-delà des efforts individuels de chaque entreprise, c’est toute notre économie qui est appelée à se transformer. On peut imaginer par exemple qu’un jour, au lieu d’apporter les fraises par camion de la Californie, on les fera pousser directement dans le stationnement de la fruiterie, sans pesticides, dans des tours entièrement automatisées à longueur d’année avec une faible empreinte carbone. Des joueurs audacieux de ce type peuvent venir bousculer nos entreprises, mais les nôtres sont tout aussi capables d’aller les bousculer en renforçant leur approche stratégique 4.0 », illustre-t-il.

Quant à la gestion du changement, elle doit passer par l’implication et la communication, croit Martin Latreille.

« Le principal enjeu du 4.0 reste humain, car il a un impact parfois imprévu sur la culture de l’entreprise. Il y a des ajustements à faire, en accompagnant les travailleurs. On parle d’automatiser des tâches répétitives, mais lesquelles apporteront le plus de valeur ? C’est en étudiant la question collectivement que les membres de l’organisation trouveront les chemins les plus fructueux. »

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