Les mines du Québec, un potentiel important
Avec ses riches ressources minières, le Québec pourrait tirer profit de la révolution qui bouleverse le monde des transports.
À titre d’exemple, les ventes de voitures électriques sont en forte croissance partout dans le monde. Cette situation présente de grandes opportunités pour le Québec, qui possède les ressources naturelles et l’expertise pour répondre aux besoins grandissants de l’industrie des véhicules électriques.
L’Agence internationale de l’énergie prévoit qu’en 2030, 120 millions de ces véhicules sillonneront les routes de la planète. Les ventes mondiales sont passées de 700 000 véhicules en 2016 à environ un million en 2017, année où l’on comptabilisait un total de trois millions de véhicules électriques sur les routes dans le monde[1].
Le secteur minier du Québec exploite nombre de métaux et de minéraux—dont le nickel, le cuivre, le zinc, le graphite et le lithium—qui sont utilisés dans la fabrication des batteries. L’acier et l’aluminium, utilisés dans plusieurs composantes automobiles, sont aussi des éléments importants du secteur minier québécois. La province compte d’ailleurs neuf alumineries et l’industrie représente déjà plus de 30 000 emplois[2].
Parmi toutes les ressources que compte le Québec, c’est le lithium qui représente le plus gros potentiel économique. Son coût est passé de 7 000$ la tonne en 2015 à 20 000$ la tonne en 2017[3]—une hausse de plus de 285%. Comme c’est une composante essentielle aux batteries, la demande continuera sans doute à augmenter de façon significative dans les prochaines années.
L’or blanc du Québec
C’est au Québec qu’on trouve le troisième plus important gisement de lithium au monde. Exploité par Nemaska Lithium, il est situé à 300 kilomètres au nord de Chibougamau. L’entreprise québécoise est aussi sur le point d’ouvrir à Shawinigan la toute première usine de transformation de lithium, et de breveter une technologie très prometteuse. Cette dernière permettra de transformer le concentré de spodumène, extrait de la mine, en hydroxyde de lithium pur à 99,9997%, un produit recherché partout sur la planète.
Le secret de leur innovation: l’utilisation de l’électrolyse pour séparer le lithium des autres métaux et impuretés. Cette méthode d’extraction—parmi les moins polluantes grâce à l’hydroélectricité—permet de réduire de 98% les émissions de gaz à effet de serre, si on la compare à la méthode d’extraction traditionnelle qui, elle, utilise des quantités astronomiques de produits chimiques.
« En plus d’être révolutionnaire d’un point de vue environnemental, notre procédé permet de diviser par sept les frais de transport. Puisque l’extraction de spodumène et la transformation en hydroxyde de lithium se font toutes les deux au Québec, on peut transporter le minerai par camion ou par train. Ce n’est pas le cas du lithium extrait en Australie, qui doit être transporté en Chine pour sa transformation », précise Simon Thibault, directeur, responsabilité sociale et environnementale de Nemaska Lithium. Grâce à cette méthode, l’entreprise québécoise pense satisfaire de 30 à 35% de la demande mondiale en hydroxyde de lithium en 2020, et générer des revenus de 20 milliards $ dans les 30 prochaines années.
À l’heure actuelle, quatre sociétés se partagent 90% de la production mondiale de lithium. Elles sont situées principalement en Australie et au Chili. Le Canada produit actuellement moins de 0,5% du lithium, 2,5% du graphite et 3,9% du cobalt vendus dans le monde[4].
On y est presque
Outre le potentiel minier, le Québec se dote du savoir-faire et des ressources pour rayonner sur le marché international—notamment par la création, en mars 2018, du Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec. Le Centre d’excellence commercialisera des technologies d’Hydro-Québec protégées par 800 demandes de brevets développés au cours des vingt dernières années. Hydro-Québec est reconnu mondialement pour son expertise technologique et son portefeuille de propriété intellectuelle, notamment en matière de batteries lithium-ion, lithium-soufre et lithium-air. À titre d’exemple de ce statut de chef de file mondial, il est à noter qu’une grande majorité des téléphones cellulaires produits dans le monde contiennent aujourd’hui une composante issue d’un brevet d’Hydro-Québec. Le Centre d’excellence deviendra ainsi un acteur important du rayonnement du savoir-faire québécois dans les différentes industries liées aux véhicules électriques et hybrides rechargeables (PHEV)[5].
Le potentiel minier du Québec est bien réel. Grâce à une très forte demande à l’échelle mondiale, le développement de la filière du lithium aura certainement un effet fort positif sur le paysage minier de la province. Nous sommes donc en excellente position pour nous démarquer, à condition de maintenir la cadence!
[1] Global EV Outlook 2017, Agence internationale de l’énergie.
[2] Ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec, «S’informer / Aluminium», Gouvernement du Québec, novembre 2018
[3] EnergyTrend, 2018.
[4] «Les véhicules électriques, faut-il croire la rumeur?», Joëlle Noreau (Desjardins, avril 2018).
[5] «Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie», Hydro-Québec, octobre 2018, https://www.hydroquebec.com/ce-electrification-transports-stockage-energie/
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